1996 : Une 2ème concertation avortée et de pure forme

Le 12 Janvier 1996, lors d'une réunion publique à Conflans-Sainte-Honorine, les adhérents du COPRA184 rejettent à 97% , par vote à bulletin secret, la négociation avec l'Etat telle que conduite par le Préfet.

Le 16 Janvier 1996, à Andrésy, le même scénario se reproduit.

Le 29 février 1996, Corinne LEPAGE, Ministre de l'Environnement du gouvernement d'Alain JUPPE, reconnaît lors d'une réunion avec le COPRA184 et des élus du Comité de communes, être « impressionnée par l'étendue des dégâts et des conséquences que le projet pourrait avoir pour les populations concernées » ; elle souhaite « qu'une solution alternative soit étudiée », en engageant « une concertation à travers un vrai débat public » (Courrier des Yvelines, 07/03/96). Elle promet une visite prochaine sur le site du tracé et se déclare prête à soutenir le COPRA184 auprès d'Alain JUPPE.

Le 13 Avril 1996, une opération 'escargot' à l'appel du COPRA184 rassemble plus de 1.000 véhicules dans la Forêt de Saint-Germain et réunit 3.000 personnes sur la Place d'Armes à Versailles.

Le 30 Mai 1996, Corinne LEPAGE, Ministre de l'Environnement, est accueillie à Chanteloup-les-Vignes par Pierre CARDO, Député-Maire de Chanteloup-les-Vignes, Jean-Paul HUCHON, Maire de Conflans-Sainte-Honorine et Président du Comité de Communes, et une délégation du COPRA184. Elle est vivement impressionnée au vu des impacts du tracé, tel que présenté sur les photos aériennes.

Le 31 Mai 1996, le COPRA184 inaugure parodiquement le chantier symbolique d'une 'A184 alternative' au Nord-Ouest de Cergy, en pleins champs, en présence de nombreux élus.

Le 9 Juin 1996, un millier de manifestants du COPRA184 accompagnés d'élus du Comité de Communes défilent à Paris et réclament à être reçus par le Premier Ministre.

Le 12 Juillet 1996, le COPRA184 et le Comité de Communes sont reçus à Matignon par un membre du Cabinet du Premier Ministre Alain JUPPE. Aucune décision ou orientation nouvelle sortira de cette rencontre.

Le 6 Septembre 1996, le nouveau Préfet des Yvelines Jean-François SEILLER, convoque les dirigeants du COPRA184 à la réunion plénière des associations pour la poursuite de la deuxième phase de concertation ; les présidents de ville du COPRA184 auxquels se sont joints plusieurs administrateurs du Collectif se voient refuser l'entrée de la salle par les forces de l'ordre ;  la réunion est alors annulée par le Préfet, qui annonce un report au 20 Septembre, date que le copra184 doit immédiatement décliner du fait d'un Conseil d'Administration du Collectif convoqué depuis plusieurs semaines pour le même jour. Le 18 Septembre au soir, le Préfet annonce par fax qu'il maintient sa convocation pour le surlendemain ; la nouvelle 'concertation' se tiendra sans le COPRA184.

 

Le 30 Septembre 1996, lors d'une entrevue avec le Ministre de l'Équipement Bernard PONS, il est précisé oralement au COPRA184 que toute décision sur le dossier sera soumise à une étude approfondie préalable.

 

Le 19 Octobre 1996, à l'appel du COPRA184 et du Comité de Communes, 3.000 manifestants se massent devant la Préfecture à Versailles pour protester contre les 'méthodes' de concertation du Préfet. 250 élus locaux et nationaux déposent en signe de protestation leur écharpe tricolore sur les grilles de la cour d'honneur de la Préfecture devant la presse régionale et nationale ; toutes les chaînes de télévision rapportent cet exceptionnel événement.

Le 19 décembre 1996, le jour même de la clôture de la deuxième phase de concertation par le Préfet, les élus du Comité des Communes sont reçus par Bernard PONS, Ministre de l'Équipement, qui annonce son intention d'abandonner le tracé rive gauche par Achères, et de retenir le tracé 'historique'. La preuve est faite que la concertation n'était qu'un écran de fumée à l'usage de populations et d'associations trop candides.

Dans son rapport final à la DREIF (Novembre 1997), l'INRETS, à nouveau sollicité, critiquera le processus de consultation en des termes non ambigus :

Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité

Rapport confidentiel d'audit à la DREIF (Novembre 1997)

(extrait)

« aléas et incertitudes de la participation riveraine »

Les débats n'ont pas apporté de réponse satisfaisante à un argument émis par le COPRA, selon lequel, pour l'A104, les riverains cumuleraient les statuts de contribuables et d'usagers futurs payeurs de péage, et par ce fait deviendraient des débattants de 1er rang revendiquant un droit de veto.

Que le Ministre ait entériné une fonction locale [pour l'A104] oblige à considérer de près l'avis des riverains qui se font entendre par l'intermédiaire du COPRA ; or l'intérêt supérieur au nom duquel l'état imposerait à des habitants qui n'en veulent pas une autoroute à fonction locale, n'a pas été explicité.

Jean POULIT, Directeur Régional de l'Équipement et maître d'ouvrage de l'A104, révèlera tardivement, et sans aucune fausse honte rétrospective, la vérité cachée de l'A104 :

'Le Territoire des Hommes' , par Jean POULIT (Bourin éditeur, 2005)

(extrait)

Les principales fonctions [de l'A104] .... visent également à assurer un débouché satisfaisant à l'A16 en provenance d'Amiens ....

Les communes qui tirent le principal avantage de ce projet [A104] sont situées .... à des distances de plusieurs dizaines de kilomètres de l'ouvrage.

Les riverains de l'ouvrage n'obtiennent par contre que des améliorations plus modestes car ils disposent déjà d'un environnement économique relativement puissant.

Michel ROCARD lui-même, initiateur du projet avorté de 1991, y tente de faire amende honorable :

Le conflit sur l'A104 est devenu si exemplaire que le Groupe ESSEC s'en emparera pour bâtir en 1998 une formation multimédia intitulée « La Francilienne, formation à la négociation et à la concertation », sous financement du programme interministériel PREDIT-2, qui a été dispensée dans les Grandes écoles du groupe, mais aussi à l'E.N.A. et dans l'Administration. Le CD-ROM support de formation contient des interviews filmés de tous les acteurs du projet : Préfets, Maires, DREIF, CCIV, COPRA184, etc....

 

« L'intérêt général ne peut pas être de martyriser 100.000 personnes, et les intérêts particuliers, dans l'état actuel de la constitution française, on est censé les respecterL'expression 'boucler la Francilienne' ne privilégie pas le passage en zone urbaine ou en zone rurale, ou un tracé court par rapport à un tracé long. L'intérêt général, c'est que les gens vivent en paix chez eux, et qu'en même temps ils se transportent bienJe refuse de qualifier d'intérêt particulier la tranquillité de 80.000 habitants le long des voiries. »

(© ESSEC MediaLab 1998)

Editorial - 1996 : Le Ministre de l'Équipement Bernard PONS a rallumé la flamme de l'autoroute fin 1995 :  il veut absolument boucler la Francilienne, mais souhaite quant à nous qu'on la boucle aussi !

Au terme d'une concertation avortée, il reprend le tracé initial et propose des aménagements que nos adhérents refusent à une quasi-unanimité par vote à bulletins secrets lors d'assemblées générales.

La ténacité et le mépris de Bernard PONS font descendre à nouveau les milliers d'adhérents et sympathisants du COPRA184 dans la rue. Ainsi en Octobre 1996 une imposante manifestation accompagne 250 élus locaux et nationaux de toutes tendances politiques, venus accrocher leur écharpe tricolore en signe de protestation sur les grilles de la Préfecture à Versailles.