Hommage à Roger Jacquot

Texte rédigé par Roger Jacquot et lu par Marie-Paule Bailleul. 

 

A toutes les personnes présentes,

 

Si je tiens à vous faire cette déclaration, c'est que ma vie s'est écoulée sur 4 générations et pratiquement 5 puisque nos pères nous ont transmis leurs souvenirs de la guerre 14-18, et la dureté de la vie.

Mon oncle Bardet, de notre famille limousine, était établi horticulteur à Andrésy au lieu-dit « la Renardière ». Je suis donc venu dans cette ville comme lieu de vacances en 1933.

Suite à la déclaration de la guerre de 1939, je n'ai plus fréquenté Andrésy. Durant l'occupation allemande, j'ai dû arrêter mes études pour maladie et à la suite de quoi j'ai pu être embauché aux lignes téléphoniques de Conflans en 1942. J'ai voyagé dans la France entière pour l'entretien du réseau téléphonique, ce qui m'a permis de ne pas être envoyé au STO. Bien souvent dans les déplacements, j'essuyais les bombardements alliés.

La nuit du débarquement en Normandie, je remontais de Bordeaux et mon train a été mitraillé à Orléans. Ensuite j'ai pris le dernier train qui partait de Paris pour rejoindre les chantiers de la LTT. Dans la vallée de l'Allier, le voyage fut néanmoins magnifique car dès que le train s'arrêtait, les villageois apportaient des vivres aux voyageurs.

En arrivant à Béziers, la gestapo qui vérifiait les présences de résistants, m'a arrêté. Puis vu ma profession, j'ai pu continuer mon périple à Vidauban près de Fréjus. Ce fut le 2e débarquement. Vidauban fut vite libérée et nous avons rétabli les communications. Le retour à Paris s'est effectué en voiture de chantier gazogène.

Ma demi-classe a été appelée sous les drapeaux à St Denis. Et nous avons fait le défilé de la victoire.

Je fus nommé chauffeur auprès du colonel Leduc qui était en fait directeur de la LTT. Quel hasard ! A la démobilisation, je suis devenu chauffeur comme caporal auprès du général Merlin.

Mon père a retrouvé la direction d'un atelier de miroiterie et j'ai travaillé avec lui.

Je me suis marié avec Louise en 1949 afin de fonder une famille.

Malheureusement en décembre 1959, j'étais au chevet de mon père et j'avais beaucoup d'inquiétude aussi pour mon fils Bernard âgé de 9 ans qui souffrait d'une angine grave. Le médecin n'a pas tenu compte de cette situation. Comme il est indiqué sur la stèle, mon fils est décédé deux jours avant mon père.

A la fin de l’activité de l’entreprise de miroiterie, je suis revenu à Andrésy dans les années 80.

Mon 2e fils ayant quitté Andrésy pour habiter en province, j’ai pu rester dans ma maison grâce à l’aide de nombreuses personnes que je remercie infiniment :

Mme Massé, Stéphanie Langlois, Annie Laporte, les responsables du COPRA, Mme Ganachaud et son personnel, Marie-Paule Bailleul, M et Mme Pirelli……et beaucoup d’autres….

Avec tous mes remerciements et mon Amitié.

Roger Jacquot

 

Hommage à Roger Jacquot prononcé par la présidente du COPRA

Qui était Roger JACQUOT ?

Certains d’entre nous l’ont connu à la création de notre collectif CO.P.R.A. 184, durant l’été 1991. D’autres, l’ont connu bien avant cette date, puisque Roger était un fervent militant de la cause environnementale et de la défense des habitants, avant les années 90, en rencontrant souvent son ami Claude LOISEAU, président du Comité de Sauvegarde de Chanteloup-les-Vignes, qui nous a quittés le 25 juin 2019 et Pierre CARDO, alors maire de cette même ville.

Entre 1991 et 2000, Roger a fait partie du conseil d’administration du CO.P.R.A. 184, en étant administrateur du comité d’Andrésy, aux côtés de Pierre GESNEL, alors président de ce comité.

Puis, à la suite du déménagement de Pierre GESNEL, dans le sud de la France, Roger a pris la présidence du comité d’Andrésy, de 2000 à 2013… 13 années pendant lesquelles il s’est beaucoup investi pour le COPRA dans de multiples directions : 

  • Recherche de nouveaux adhérents et administrateurs.
  • Information à donner aux Andrésiens, en étant présent sur le marché d’Andrésy et en y tenant un stand.
  • Participation à toutes les nombreuses réunions publiques organisées par l’Etat, lors du Débat public de 2006 ainsi qu’à toutes les manifestations organisées par le collectif COPRA (Opérations Escargot à pieds, à vélo et en voitures / Pique-niques sur les hauteurs de l’Hautil, à Conflans, à Carrières sous Poissy… / Pique-niques à l’étang de la Galiotte et sur l’île de la Dérivation, avec les habitants, en juin et lors du téléthon…).
  • Communication en s’aidant des drapeaux qu’il avait fait fabriquer, avec le logo de notre collectif.
  • Rédaction de tracts concernant sa ville, afin de bien mettre en exergue le fait que cette autoroute en plein milieu urbanisé irait à l’encontre du développement équilibré, intelligent et raisonnable de la ville d’Andrésy, comme des autres villes voisines du secteur.

Dans toutes ces actions, Roger se caractérisait par différents traits de sa personnalité que je souhaiterais évoquer ici : 

  • Il avait la volonté « d’aller au fond des dossiers » et « de ne rien lâcher » lorsqu’il était persuadé de la légitimité des causes qu’il défendait.
  • Il savait s’entourer de « spécialistes » qui pouvaient l’aider – bien avant l’existence des réseaux sociaux – en lui permettant de finaliser ses actions. Bien qu’il n’ait jamais su manier la souris de l’ordinateur, il savait rédiger des tracts d’une main experte, avec les mots justes et les arguments bien choisis, puis il trouvait toujours quelqu’un prêt à taper ses textes, avant de les photocopier. 
  • Durant toute sa vie associative, Roger a su appliquer les méthodes professionnelles utilisées dans son métier. En effet, Roger était passionné par son métier de « Façonnier d’Art sur glace » (sur miroirs), métier qu’il apprit aux côtés de son père, dans l’entreprise familiale située à Paris. Il s’agissait d’un métier qui exigeait de grandes qualités (Attention permanente, précision du geste, dextérité, goût artistique…). Ces qualités lui permirent de devenir « Président, pour la région parisienne, des façonniers d’art sur glace », métier maintenant pratiquement disparu. Aujourd’hui, on ne parle plus trop, en effet, de ces superbes devantures de bistrots ou d’autres commerces aux magnifiques décorations gravées dans le verre… Mais on évoque plutôt le double ou le triple vitrage, le verre anti-effraction, le verre anti-reflet, le verre chauffant, le verre des vitres d’immeubles ou d’intérieurs d’appartements dont l’opacité varie avec l’application d’une tension électrique… Au sein de notre collectif, Roger a su utiliser les compétences dont il faisait preuve dans cette profession, aujourd’hui pratiquement disparue, profession qu’il a tant aimée et défendue, avec constance et hargne, durant toute sa vie professionnelle.
  • Autre trait de son caractère : son indépendance d’esprit. Il exigeait, en effet, d’avoir toujours « les coudées franches » dans toutes ses actions. C’est pourquoi il a toujours tenu à rester « indépendant de tout parti politique ». Le COPRA lui en est très reconnaissant, lui qui regroupe des personnes de tous horizons, de toutes convictions et de tous bords politiques.
  • Cette indépendance d’esprit et cette autonomie, il a pu les conserver, heureusement, jusqu’au bout de sa vie, dans le déroulement de son quotidien, comme il l’avait souhaitée. En effet, il a pu continuer à vivre dans sa maison d’Andrésy, jusqu’à la fin, en préparant ses repas, tout seul, avec une extrême ténacité, sans se plaindre, grâce aux fréquentes visites que ses amis et voisins lui faisaient, très régulièrement. Ses amis et voisins se relayaient régulièrement, auprès de lui, pour lui apporter de l’aide dans son quotidien et pour veiller sur lui, avec beaucoup d’affection.
  • J’aimerais terminer cet hommage en rappelant que Roger était un « homme de terrain » qui ne se plaignait jamais, homme accroché à la réalité des choses et à l’esprit très pragmatique, trait de caractère qu’il avait peut-être acquis lorsque, enfant, il avait l’habitude de garder les vaches, m’avait-il dit un jour, durant ses vacances à la campagne, dans le Limousin. 

Roger, toi qui étais le doyen de notre collectif (97 ans : un bien bel âge !), nous ne t’oublierons jamais… et ton courage, ta détermination, ton investissement constant et ta convivialité resteront, pour très longtemps, gravés dans notre mémoire.

Samedi 04 décembre 2021

Christiane PARAVY / Présidente du CO.P.R.A. 184

Au nom du Bureau Exécutif et du Conseil d’Administration